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mardi 27 octobre 2015

Accident de Puisseguin : inepties médiatiques et « carnaval » des politiques

                                                    

Le 27/10/2015
 
Pendant trois jours, « l’actualité » a été tout entière consacrée à ces malheureux brûlés dans l’autocar. On a tout entendu de prétendus journalistes.
   
On le dit à chaque fois, mais de catastrophe en fait divers, d’inondation en « drame de la route », c’est l’escalade ininterrompue vers l’indécence et la bêtise.
Un cran de plus chaque fois franchi dans l’ineptie, la fausse investigation, le déferlement d’âneries, la pseudo-information en continu par des gens qui n’ont strictement rien à dire et, toujours plus insistante, l’indécence de ces micros tendus à des époux en larmes pour sonder leur âme et gonfler l’Audimat.
On le dit à chaque fois et je le répète : j’ai honte.
Honte de ce que cette société nous dit de nous-mêmes.
 Honte aujourd’hui plus qu’hier et sans doute, hélas, moins que demain car je le sais déjà : à la prochaine catastrophe, ce sera pire encore dans la surenchère.
Pour un Noël Mamère, Palme d’or de l’indignité racoleuse et de la bêtise idéologique, qui prétend coller 43 morts sur le dos du ministre Macron, combien de tweets dégainés à la hâte, de déclarations aussi péremptoires qu’approximatives…
Pendant trois jours, « l’actualité » a été tout entière consacrée à ces malheureux clubistes du troisième âge brûlés dans l’autocar.
 On a tout entendu de prétendus journalistes – qui ne connaissent sans doute que le bitume de la capitale – rivalisant d’indignation sur « l’état de la route » : parce qu’elle « traverse la forêt », parce qu’elle « fait un virage », parce qu’elle « était mouillée » et jonchée de « feuilles mortes » (pensez, à l’automne, quel scandale !).

« Pourquoi n’ont-ils pas pris l’autoroute ? », s’est interrogé un autre imbécile, comme si le réseau français n’était qu’autoroutier ; comme s’il n’y avait pas de charme à sillonner la campagne entre bois et vignes, comme s’il y avait l’autoroute à l’entrée de chaque village.
 D’autres ont demandé « l’interdiction des routes secondaires aux camions », et puis qu’on redresse les routes sans doute, qu’on supprime les virages, les forêts « accidentogènes »…
 Et aussi l’hiver trop froid et trop humide, les automnes trop pluvieux, le soleil qui fait fondre l’asphalte ?

Voix du bon sens dans cet océan de connerie, le psychiatre Boris Cyrulnik s’est indigné sur Europe 1. Invité de David Abiker, il s’est aussi emporté contre « le carnaval des politiques ».

Dans pareilles circonstances, « le soutien doit être effectué par les proches, la famille, les amis, les voisins, le village. Et le sens doit être donné par le prêtre, le maire, les philosophes, et par les techniciens qui cherchent à comprendre ce qui s’est passé. Or, ce n’est pas tellement ce qu’on constate avec ces tragédies actuelles où l’on assiste à un carnaval de politiciens qui accourent pour se montrer devant les caméras et qui n’ont rien à dire parce qu’ils ne connaissent pas la question. Ils n’y ont jamais réfléchi. Ils viennent juste se montrer pour qu’on ne leur reproche pas de n’être pas venus. […] C’est presque une manière de ridiculiser les endeuillés, et cela n’a rien à voir avec leur protection », dit-il.

Au journaliste qui lui reproche d’être sévère, soulignant qu’« on ne comprendrait pas qu’ils ne viennent pas porter au moins une parole de solidarité de la France », Boris Cyrulnik répond qu’en effet, « s’ils ne venaient pas, on le leur reprocherait ».
Ce qui prouve combien « c’est notre culture qui est en train de devenir anormale », tout entière préoccupée de paraître.

Or, « ce n’est pas aux politiques de faire le travail de deuil. C’est au village, aux amis, aux responsables locaux ».

Hélas, nous sommes gouvernés par des montreurs de derrière, des animaux de foire qui courent le pays et le monde comme les ours autrefois sur les places de village : ils se trémoussent au son des tambourins et les médias sont leur public.

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