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vendredi 28 août 2015

Alain Juppé sur les traces du Petit Nicolas

                                                    
         

Le 28/08/2015
Le dernier ouvrage d'Alain Juppé sur l'école s'est au moins attiré la bienveillance de la ministre intérimaire de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
    
À défaut de susciter l’enthousiasme chez les professionnels de l’éducation, le dernier ouvrage d’Alain Juppé sur l’école s’est au moins attiré la bienveillance de la ministre intérimaire de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
Celle-ci s’est montrée ravie de constater sa modération, reconnaissant qu’Alain Juppé la rejoignait en de nombreux points…
 Il est clair que le maire de Bordeaux brille par sa capacité à enfoncer les portes ouvertes.
 À défaut d’apporter de nouveaux éléments sur les questions scolaires, celui-ci se borne à répéter que le niveau est insuffisant et que la racine de l’échec scolaire se trouve à l’école primaire.
On fera une évaluation, il y aura quelques aménagements, mais je ne vais sûrement pas remettre en chantier la totalité des programmes scolaires, prévient-il.
 Ses solutions sont simples : il faut augmenter le salaire des professeurs des écoles car, selon lui, l’enjeu est plus budgétaire que pédagogique !
 Pour le bac, il suffit de réduire le nombre de matières et de basculer vers le contrôle continu.
 À défaut d’augmenter le niveau, cela permettra au moins de faire des économies de fonctionnement.
 Le mammouth est sauvé !
Cette accumulation de poncifs et ce manque d’ambition nous laissent sur notre faim.

Comme l’a très justement souligné le collectif Racine, l’analyse d’Alain Juppé mérite un zéro pointé.
Il n’évoque pas les diminutions d’horaires pour les enseignements fondamentaux (lecture, écriture, calcul), ni les méthodes nocives d’apprentissage de la lecture comme la méthode globale, ni la déformation des professeurs dans les ESPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation).

Aucune allusion, non plus, à la réforme des rythmes scolaires dont les effets sont calamiteux, ni à la réforme du collège qui s’annonce, pourtant, comme le dossier chaud de la rentrée.
 Est-il d’ailleurs au courant de l’existence de cette dernière réforme ?
 En effet, invité à revenir sur les difficultés rencontrées par certains professeurs après les attentats de janvier, Alain Juppé préconise de vaguement savoir ce qu’est le Coran dès le collège.

 Ne sait-il pas que dans les nouveaux programmes d’histoire de 5e, l’islam prend désormais autant de place que le christianisme médiéval ?

 En publiant un ouvrage inutile et sans intérêt sur l’éducation, Alain Juppé nous rappelle le monde enfantin du Petit Nicolas.
Je veux, bien sûr, parler de celui en culotte courte de Goscinny, et pas de son rival à l’investiture des Républicains…
 Comme il est attendrissant de découvrir en début d’ouvrage les souvenirs d’enfance d’Alain Juppé, empreints de douce ignorance et de naïveté.
L’ancien enfant de chœur se souvient de sa scolarité à Mont-de-Marsan, petite ville bien tranquille et même un peu endormie, et de ses professeurs, qui prenaient dans nos vies une place considérable…

 Il semble ignorer que les temps ont bien changé, que les enfants de chœur ont déserté les paroisses, que les petites villes bien tranquilles ne sont plus si tranquilles que ça et qu’enfin, l’image des enseignants se rapproche davantage aujourd’hui de la bande dessinée Les Profs que de l’image sanctuarisée des hussards noirs de la République.

 Au final, Alain Juppé instrumentalise l’école pour conforter son positionnement centriste caractérisé par la plate acceptation des réformes de la gauche sans volonté de revenir dessus.

À défaut du Petit Nicolas, c’est le petit François Bayrou qui va être jaloux…

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